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Par floraly le 23 Novembre 2006 à 10:26
La pensée
Un soir, vaincu par le labeur
Où s'obstine le front de l'homme,
Je m'assoupis, et dans mon somme
M'apparut un bouton de fleur.
C'était cette fleur qu'on appelle
Pensée ; elle voulait s'ouvrir,
Et moi je m'en sentais mourir :
Toute ma vie allait en elle.
Echange invisible et muet :
A mesure que ses pétales
Forçaient les ténèbres natales,
Ma force à moi diminuait.
Et ses grands yeux de velours sombre
Se dépliaient si lentement
Qu'il me semblait que mon tourment
Mesurât des siècles sans nombre.
"Vite, ô fleur, l'espoir anxieux
De te voir éclore m'épuise ;
Que ton regard s'achève et luise
Fixe et profond dans tes beaux yeux !"
Mais, à l'heure où de sa paupière
Se déroulait le dernier pli,
Moi, je tombais enseveli
Dans la nuit d'un sommeil de pierre.René-François Sullyprudhomme
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